Je ne pense pas que la démographie soit vraiment le problème. La croissance démographique dans beaucoup de pays d’Asie est supérieure à celle des pays africains, ça ne les empêche pas de se développer.
En revanche, il est vrai que les conditions sanitaires freinent véritablement le développement. En économie, nous utilisons le concept de « capital humain », qui prend en compte le niveau de santé et d’éducation d’une population ; pour que ce capital humain puisse être productif (désolé pour le jargon économique qui peut paraître un peu cynique parfois), il faut d’une part pouvoir l’accumuler et d’autre part qu’il soit de qualité. En Afrique, les deux dimensions sont manquantes. L’état de santé des populations est catastrophique, l’espérance de vie est très basse et la scolarisation est loin d’être accessible à tous. De plus, l’éducation n’est pas de très bonne qualité et empêche la population d’être vraiment productive et compétitive. Je ne parle ici que des conséquences économiques du manque de santé et d’éducation, il va de soit qu’il faut aussi prendre en compte le fait qu’on ne cherche pas à vivre le plus longtemps possible en bonne santé et qu’on ne s’éduque pas uniquement pour être productif. Le manque de santé et d’éducation sont donc des obstacles majeurs au développement de l’Afrique même d’un point de vue qualitatif et humain.
Récemment, les économistes ont aussi montré que l’Afrique avait du mal à se développer pour des raisons institutionnelles. Sans aller jusqu’à parler des nombreuses guerres qui ravagent le continu et qui empêchent tout processus de développement, le fait que les administrations soient mal organisées, inefficaces et pour beaucoup corrompues pénalise aussi fortement les pays africains. On peut aussi ajouter le fait que les droits de propriété ne sont pas clairement définis et encore moins respectés, ce qui n’incite pas vraiment les investisseurs (notamment étrangers) à venir s’installer en Afrique.
Pour répondre à ta question, le développement de l’Afrique passe certes par des investissements dans la santé, l’éducation et les infrastructures mais le manque de moyen n’explique pas tout. Tant que le cadre légal et institutionnel ne sera pas plus « solide », on pourra mettre tout l’argent qu’on veut dans le développement de l’Afrique, ça ne changera pas grand-chose.